Toutes ces années au Brésil
J'ai le souvenir d'une ville où il fallait grimper, où il faisait très chaud, où j'ai frolé l'insolation en dévalant les rues à l'heure impossible du midi, à peine réveillée d'une nuit passée en avion. C'était un voyage Nouvelles Frontières de presqu'un mois, et nous voyagions avec un Brazil Pass. Deux nuits ici, deux nuits là, du nord au sud. J'ai assisté à la magie du Carnaval de Rio sur les gradins du Sambodrome, à une cérémonie de candomblé à Bahia. J'ai survolé en hélicoptère les chutes d'Iguaçu, j'ai navigué sur l'Amazone et ses affluents.
Le vol arrive à Salvador, et le Pelourinho était encore à cette époque à l'image des romans de Jorge Amado : prostitution, vols, meurtres. Nous ne sortions le soir que pour dîner, et juste en face de l'hôtel. Et à 21h 30 nous étions aussitôt rentrées à l'hôtel. A Rio de Janeiro nous sommes hébergées dans le quartier de Copacabana par une amie de ma professeure de Brésilien. Pour la première fois je loge dans un appartement au Brésil et je découvre la vie brésilienne au quotidien.
Je paie à cette agence pour être accueillie trois semaines logée et nourrie dans une famille à Salvador. J'avais écrit que j'étais intéressée par la musique et la famille me présente une jeune chanteuse, la maman de la copine de leur petite fille. Elle s'appelle Daniela Mercuri, et chantait dans un groupe qui commençait à avoir du succès, la Companhia Clic. Nous allons ensemble assister à un concert de Gilberto Gil, elle me le présente. Mais au bout d'une dizaine de jours les choses ont été en plein dans le gaz avec la famille d'accueil qui m'a simplement mise à la porte. Je me suis retrouvée "à la rue" le samedi du week-end de Pâques. C'est ainsi que commença mon aventure bahianaise.
Je pars visiter une partie de la côte du nordeste qui est "au dessus" de Salvador avec mon ami Gérard, une côte de longues et belles plages propices aux baignades et bains de soleil, jusqu'à Natal, pour terminer à Salvador où j'espère revoir mes amis de la Companhia Clic. Je suis restée de longs mois sans nouvelles de mes amis. Daniela Mercuri les a quittés pour lancer sa carrière solo. La Companhia Clic s'est retrouvé avec un album prêt à sortir mais sans chanteuse. Ils ont alors fait connaissance de Carla, 20 ans, encore étudiante en communication, qui chantait dans les bars. Carla prend le nom d'artiste de Carla Virginia. Elle est devenue par la suite célèbre sous le nom de Carla Visi. Je les suis partout. Cette fois-ci c'est à Morro do Chapéu, une bourgade de la Chapada Diamantina à l'intérieur de Bahia, que nous irons à la micarêta.
En une semaine, nous faisons le "tour" du pays, Rio de Janeiro - Salvador de Bahia - Belo Horizonte - Rio de Janeiro.
On est parti de la Praça da Sé, et j'ai dancé "atràs" do trio jusqu'au Forte de São Pedro. Sept heures debout à danser, et à marcher, et à sauter. Mon premier carnaval, toute la famille de Raul aussi me l'a organisé. Sa soeur Lalai avait fait la queue dès cinq heures du matin pour acheter nos places dans les arquibancadas de Campo Grande. Lalai, Eliana, la cousine d'Itapoã, m'ont entourée sur les arquibancadas, et dans la rue. Cette année-là j'ai réussi à aller passer quelques jours à Morro de São Paulo dont mes copines bahianaises m'avaient tant parlé. Mais les crevettes trop grasses mangées sur la plage me provoquent une infection alimentaire et de la fièvre. Du coup je n'ai pas pû aller à la fête de Iemanjà en rentrant à Salvador car je ne tenais pas debout. Tristesse et déception.
Et nous avons randonné, oui ! Vrai de vrai ! Enfin, cette année, pour la première fois j'ai pû assister à la fête de Iemanjà, en compagnie de Lalai et de Carlito. Et le Carnaval ? De "pipoca" : je suis surtout allée faire carnaval dans la rue. Je suis sortie aussi une fois dans un bloco, le bloco Panda, avec Lalai et Ricardo.
Mais une occasion m'est donnée de retourner au Campo Grande. La grand-mère de Chelito, dona Mariêta, 88 ans, adore le carnaval. Elle a deux places gratuites dans un camarote (une loge) mais personne ne veut l'accompagner car dans la famille, on n'est pas "très" carnaval... Alors c'est à moi qu'on le propose, et je l'accompagne. Mais voilà qu'en nous retournant à pied vers la maison, vers les 20 heures, nous nous trouvons coincées, écrasées, au milieu du bloco d'Olodum qui pénétrait dans la passarela... Dona Mariêta se fera voler son argent dans son sac à main (car eh oui ! elle portait un sac !). Cette aventure nous a liées à jamais.
Le Pelourinho est aux couleurs du Carnaval, cette année le thème en est les personnages des romans de Jorge Amado. On célèbre en famille l'anniversaire de Vovó Mariêta, ma "grand-mère de Bahia". Plusieurs artistes connus sont présents à cet anniversaire car ma "famille" de Bahia est une famille de musiciens et de chanteuses..
Moi, à São Paulo ! je pensais bien ne jamais y mettre les pieds ! Avec Marçal et Jennifer, nous allons à un show de Daniela Mercury. Fini "Mercuri", elle s'appelle "Mercury" maintenant. Cela fait 7 ans que je ne l'ai plus revue. Mais impossible de pénétrer dans le backstage et de la revoir. A São Paulo je retrouve mes amis Louis et Juliana. Nous allons tous ensemble au Blem Blem, une discothèque de salsa. Je prends le bus jusqu'à Florianópolis pour passer quelques jours chez d'autres amis, Jana et Malik qui habitent sur l'île. Magnifique. Un seul hic : je n'ai jamais pu me baigner à Florianópolis, la mer était trop froide. Je suis partie quinze jours cette fois-ci. Et en quinze jours j'ai fait :
Raul qui est batteur, joue maintenant dans un groupe nouveau, un groupe de pop-rock qui s'appelle "Mil Milhas", qui marche très bien. On célèbre les 90 ans de Vovó Mariêta dans une superbe maison de plage à Guarajuba. La fête est grandiose. Toute la famille est présente. J'ai souvent la chance d'être invitée en haut des trios elétricos. |
On est en novembre. Je ne suis jamais allée dans le sud du Brésil, mais surtout j'ai une idée en tête... Depuis que j'ai vu en 1986 le film "Mission" qui raconte l'histoire des Missions Jésuites en Amérique du Sud, je me suis mise en tête qu'un jour j'irai les voir ces missions. Nous partons tous les trois, Marçal et Jennifer et moi sur un long week-end férié au Brésil. Nous irons à la frontière du Brésil, en Argentine, puis au Paraguai. Nous avons pris les bus, de nuit et de jour, et des barges comme des radeaux. Des paysages magnifiques, une aventure inoubliable. Je suis retournée à Florianópolis pour rendre visite à Jana et Malik.
Pour deuxième fois je suis hébergée dans l'appartement de Graça, chez Dona Consuelo, Raul et Chelito. Je sors avec eux : sur les plages de Salvador, à Arembepe, à Guarajuba, à la fête de Iemanjà. Je fais aussi, avec Telma, une belle croisière dans la Baie de Tous les Saints. C'est l'époque du Carnaval. En me débrouillant bien en présentant ma carte pro de la Radio, j'arrive à obtenir la carte de presse (on appelle ça un "craxa") qui me permet à Campo Grande d'accéder à la loge réservée aux journalistes, avec vue directe sur le défilé... Je sors dans le bloco dos Mascarados, le bloco de Margareth Menezes et je passe une nuit là-haut sur son trio, où Angela est l'une des choristes, et où Hermeto Pascoal est l'invité d'honneur. Puis je passe une autre nuit sur le trio de Silvinha Torres.
Cette année, le Carnaval honore les 500 ans d'existence du Brésil, les 50 ans du Trio elétrico, et les 15 années de l'Axé Music ! Je réussis à nouveau à obtenir mon "craxa" de journaliste. J'ai ainsi une place privilégiée dans le camarote des journalistes brésiliens au Campo Grande, des "radialistas" exactement (c'est ce que je suis...) et de pouvoir même descendre comme je veux au milieu des blocos qui défilent dans la Passarela. Pour avoir l'air très "pro" j'enregistre... avec mon mini-disc Sony ! Je suis même interviewée pour une radio locale... en portugais et en direct !
C'est la première fois que je pars au mois de décembre au Brésil. Je prends ensuite un vol pour Salvador. Bouleversement : cette année j'ai décidé de ne plus m'imposer chez mes amis qui m'hébergent depuis 10 ans ! Je débarque donc dans un hôtel, puis j'achète le journal "A Tarde" et je cherche une location dans les petites annonces. Dans la journée même, je me trouve un studio à Barra, derrière la plage du Porto da Barra. Pour la première fois, j'ai "ma maison" à Salvador. A cette époque je fréquentais beaucoup le site "Brésil Passion". C'était le site web où se retrouvaient tous les amoureux du Brésil de France. Je retrouve donc à Salvador Fabrice et Viviane avec qui j'avais beaucoup correspondu. Nous passons un super dimanche à Jacuípe et à Praia do Forte. La veille du Réveillon de Noël, Fabrice et moi nous tentons l'expédition jusqu'à Mangue Seco. On disait que c'était assez compliqué pour y arriver, et c'était encore le cas en 2001. Nous avons loué une voiture et même en voiture... c'était pas simple. C'est la première fois que je passe Noël à Salvador (et au Brésil d'ailleurs). Noël en famille chez Angela.
Décembre. Comme l'année dernière j'arrive à Rio de Janeiro et je loge chez Rosa et Göran à Leblon. Je rends visite à mes amies Lina et Edna que j'ai connues via "Brésil Passion", qui habitent à Niteroï, et je visite le MAC, le musée d'art contemporain de Niteroï conçu par Niemeyer. Je prends l'avion pour Salvador. Je visite plusieurs appartements et je choisis un "deux pièces" (un "quarto-sala") derrière le Porto da Barra. Je retrouve Bertrand, un forumiste belge connu aussi sur "Brésil Passion", avec qui je me promène dans la ville historique, et à Itapuã. Je présente Carla (Visi) à Olivier, un Français qui tient un restaurant dans le quartier de Santo Antônio, et qui en France était saxophoniste professionnel. Marcus nous rejoint, un concert s'improvise. Carla a chanté, aux côtés sa maman, Inaiá, chanteuse elle aussi. Je passe une journée à Arembepe avec Marcus et Telma chez les parents d'une de leurs amies qui y ont une maison de plage. Nous allons voir les tortues du "Projet Tamar" et nous avons la chance d'être là pour assister au moment émouvant où les bébés tortues se lancent vers la mer. Noël à Salvador à nouveau.
Deux points de base : Barra Grande à l'extrémité de la baie de Camamu (Costa do dendê) et Porto Seguro au centre de la Côte de la découverte (Costa do descobrimento). Un retour aux sources en quelque sorte, mon désir de voir de mes yeux le petit bout de terre où le 22 avril 1500 Pedro Alvares Cabral et les Portugais avaient posé le pied sur la terre du Brésil. Puis retour à Salvador, je trouve à louer un deux-pièces pour une semaine, avec vue sur la mer, sur le Porto da Barra. Les fenêtres donnaient sur l'association athlétique de Bahia, et on voyait les nageurs et les joueurs de tennis en entrainement. Olivier, mon co-équipier de voyage m'a rejointe dans cet appart. Il n'était jamais venu à Salvador. On s'est baladé dans les quartiers les plus populaires du centre ville, on a visité des églises encore inconnues de moi, et on est allé à Itapoã et à Ribeira.
Je passe trois semaines à Salvador, et je n'en ai pas bougé. C'est le premier "hiver brésilien" pour moi, et il faut dire qu'il a pas mal plu, ce qui ne m'a permis d'aller à la plage que six jours exactement sur les trois semaines. Je fais visiter Salvador à Moema, c'est la fille d'une de mes meilleures amies à Paris qui fut ma professeure de Brésilien. Je revois ma grand-mère de Bahia. Il y a eu moins de plages vu la météo, mais pas mal de sorties, de soirées et de fêtes avec les amis.
Déjà je ne mets plus le nez dehors, il fait trop froid et trop moche. Je n'ai rien qui me retient à Paris. Un coup de tête... Un lundi matin j'achète un vol Air Europa pour Salvador pour m'envoler... le vendredi soir de la même semaine !!! Et pour 2 mois 1/2. Je ne suis jamais restée si longtemps à Salvador. Je réserve aussitôt par téléphone le même appartement au Porto da Barra que j'avais loué en 2006. Mais je n'avais pas prévu la surprise que j'ai eue en arrivant ! Mon appart était un appartement de rêve en 2006... mais ne l'était plus en 2008...
En face de mes fenêtres... un chantier de travaux... Je vis seule dans mon appart. J'apprends à me débrouiller avec le quotidien : les moustiques, les cafards (et c'était une résidence de luxe !), l'approvisionnement en eau buvable, les légumes crus à purifier, le ménage tous les jours, la nourriture trop peu variée, les difficultés administratives parce que je suis étrangère. Et l'horreur pour moi... Il n'y a pas de connexion internet dans le logement. En décembre il a beaucoup plu. En janvier, il a fait une chaleur épouvantable.
Barra était envahie de monde, de touristes autant étrangers que brésiliens. J'ai cessé d'aller à la plage à partir de mi-décembre et jusqu'à début février, alors que j'habitais à 5 mn à pied de la plage du Porto. Je ne suis pas complètement seule à Salvador, c'est vrai, et mes amis bahianais m'invitent : Raul et Chelito, Carla, Marcus, Ana Lucia. Je passe le réveillon de Noël "en famille" chez Angela. Je m'habille en blanc et je passe le 31 décembre chez mes amis Nicolas et Gracilda dans leur pousada Noa Noa face au Farol. C'est la première fois au bout de tous ces voyage que j'ai réussi à passer le "Reveillon" (de la Saint Sylvestre) à Salvador. Je ne suis plus retournée au Brésil après cette expérience... de vie... qui s'est soldée négativement. J'ai compris que la vie au quotidien à Salvador était dure et que je n’y étais pas libre comme je le suis à Paris. |
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