Vivre à Salvador pendant deux mois et demi

Samedi 30 novembre 2008 - Samedi 14 février 2009


Mes balades en ville

Graça

Graça est un quartier résidentiel, où j'ai habité une fois, qui se trouve juste au dessus du quartier de Barra.
On y trouve des rues connues comme le Largo da Vitoria, l'avenue Euclides da Cunha, et le Largo da Graça.

Depuis le début du 20 ème siècle le quartier de Graça est considéré comme une zone résidentielle noble à Salvador. C'est l'un des plus anciens de Salvador, il est situé à l'endroit initialement connu sous le nom de Vila Velha. Son emplacement au sommet d'une colline avait une fonction stratégique, offrant une vue panoramique sur la mer qui aidait à prévenir d'éventuelles attaques ennemies.

Après la colonisation portugaise, alors qu'il s'appelait encore Vila Velha, il devint le siège de la chapelle de Nossa Senhora da Graça à laquelle Caramuru s'était consacré.

Des siècles plus tard, il fut choisi par de riches marchands pour la construction de manoirs, il abrita le premier stade de la ville et le Clube Baiano de Tênis, qui organisa les bals de carnaval les plus célèbres de Salvador.

A igreja da Graça

Le quartier de Graça abrite la première église de Salvador et l'une des premières au Brésil, l'église et l'abbaye de Nossa Senhora da Graça construites sur ordre de Catarina Paraguaçu, épouse de Diogo Álvares Correia dit Caramuru, et qui abrite l'Ermitage de Notre-Dame de Grâce.

Sur le Largo da Graça se trouve cette église dans laquelle je n'étais jamais arrivée à entrer. L'église Nossa Senhora da Graça est l'un des tout premiers lieux de culte catholique construits à Salvador. Elle a été construite fin de 16 ème/17 ème siècle par un couple : Diogo Caramuru et Catarina Paraguaçu.

C'était important pour moi de la connaître et d'y entrer, car elle évoque un évènement important de l'Histoire de Bahia, Diogo Caramuru et Catarina Paraguaçu sont considérés par la population de Bahia comme les ancêtres de tous les Bahianais.

Et c'est dans cette église que sont enterrés les restes mortuaires de Catarina Paraguaçu (morte en 1583).

eglise de graça

Diogo Caramuru et Catarina Paraguaçu

Caramuru

Diogo Álvares Correia était un aventurier et un navigateur portugais, originaire de Viana do Castelo au nord du Portugal, né en 1475 et décédé à Tatuapara, à Bahia, le 5 octobre 1557.

Alors qu'il voyageait sur une caravelle française en direction de São Vicente, il fit naufrage entre 1509 et 1510, et s'échoua dans la baie de São Salvador vers le Rio Vermelho.

Ses compagnons furent massacrés par les indiens Tupinambas, mais lui, impressionna les Indiens en tirant des coups de feu. Il fut bien reçu par les Tupinambás dont le chef Tapari lui offrit sa fille, Paraguaçu, en mariage.

Il resta vivre au milieu des indiens qui lui donnèrent le nom de Caramuru (qui signifie soit "le fils du tonnerre", soit "murène", ce poisson que l'on trouve entre les pierres, et qui s'est trouvé là à l'endroit où Caramuru fut découvert.

Connaissant les coutumes des natifs, pendant quarante années, Diogo Álvares Correia facilita les contacts entre les indiens et les premiers administrateurs et missionnaires qui débarquèrent à Bahia.

La légende raconte que Paraguaçu avait une jeune soeur prénommée Moema, qui tomba également amoureuse de Caramuru et que Caramuru épousa également. Et qu'ils vivèrent à trois, sous la bénédiction du roi Taparica.

La légende raconte qu'un jour, Caramuru repartit pour le Portugal afin d'y être décoré. Paraguaçu et Moema alors se jetèrent à la mer à la poursuite du navire, mais seule Paraguaçu parvint jusqu'à l'embarcation. Moema nagea jusqu'à ce que ses forces l'abandonnèrent.

Cette légende est évoquée dans le poème "Caramuru" du moine Frei Santa Rita Durão. Et selon lui, le vrai nom de Paraguaçu aurait été "Guaibimpará" et non "Paraguaçu", nom qui signifie "la grande mer ".

Catarina do Brasil

Catharina était une indigène Tupinambá née vers 1503. Son vrai nom serait "Guaibimpará" et non "Paraguaçu" (nom signifiant "grande mer").

Elle aurait été offerte comme épouse par son père, le cacique Taparica, au naufragé portugais Diogo Álvares Correia, le fameux Caramuru, qui jouissait d'une grande notoriété parmi les Tupinambas de Bahia.

Les relations commerciales entre le Brésil et la Normandie amenèrent Caramuru à se rendre en France entre 1526-1528.

Sa femme Paraguaçu convertie au christianisme, fut baptisée à Saint-Malo en juin 1528, et prit le nom de baptême de Catarina (Catherine du Brésil) en hommage à Catherine des Granches, l'épouse de Jacques Cartier, qui devint sa marraine.

En même temps, on baptisa une autre Indienne tupinambá, Perrine, ce qui confirme la légende selon laquelle plusieurs Indiennes, par jalousie, se jetèrent à la mer pour accompagner Caramuru dans son voyage en France avec Paraguaçu.

On ne sait pas exactement quand Caramuru et son épouse retournèrent au Brésil. Mais ils y retournèrent, autour de 1530.

Son Pseudonyme est "Catarina do Brasil"

"O sonho de Paraguaçu"

Selon une légende, Catarina aurait eu de fréquents rêves de naufragés, souffrant de faim et de froid, y compris l'image d'une femme portant un enfant. Faisant confiance au caractère mystique des rêves de sa femme, Caramuru aurait ordonné de fouiller le rivage, jusqu'à ce que plusieurs naufragés soient trouvés, mais il n'y avait aucune femme parmi eux.

Catarina a de nouveau rêvé de la même femme, qui lui aurait demandé de lui construire une maison dans son village.
Par la suite, une image de la Vierge Marie est trouvée avec l'enfant Jésus dans ses bras.
Elle se trouve sur l'autel de l'Igreja da Graça.

La légende brésilienne

Un certain matin de mai 1536, Catarina Paraguaçu raconta à son mari Diogo Álvares un rêve singulier qu'elle avait fait deux fois cette nuit-là : sur une longue plage, elle avait vu un navire naufragé, des hommes blancs en lambeaux, trempés dans les haillons qui protégeaient à peine leur peau, et parmi eux, frissonnante de froid et inanimée de faim, une jeune femme très blanche, d'une beauté étrange et fascinante, tenant dans ses bras un non moins beau et blanc petit enfant.

Elle envoya Caramuru explorer la côte voisine, pour voir si des navires y avaient fait naufrage, comme elle avait vu dans son rêve qui était comme un avertissement céleste pour aller au secours des chrétiens qui avaient été victimes des pièges de la mer dans cette zone. Ces recherches revinrent négatives.

Catarina fit à nouveau le même rêve. Diogo ordonna de nouvelles recherches, même très étendues.

Les jours passèrent, et les Indiens vinrent lui rapporter la nouvelle qu'un navire de Blancs s'était brisé sur la côte de l'île de Boipeba, et que son équipage se retrouvait à terre. Sans tarder, Caramuru est parti aider les naufragés, qui étaient des Castillans, et les ramena avec lui. Parmi les naufragés, cependant, il n'y avait pas de femme. Et aucune personne de l'autre sexe n'était montée à bord, lui assurèrent-ils.

Cependant, la nuit de son retour, la femme est de nouveau apparue à Catarina, maintenant seule - lui disant d'aller la chercher dans son village et de lui faire une maison. Sa voix était si harmonieuse que Paraguaçu se réveilla extatique, suppliant avec insistance son mari de retourner sur l'île pour la chercher.

o sonho de Paraguaçu
"O sonho de Paraguaçu"
Paraguaçu (en taille humaine) est agenouillée devant N. S. da Graça

Diogo est parti pour la deuxième fois, et alla dans tous les villages voisins du lieu de l'accident, il a fait une recherche rigoureuse, croyant que les Tupinambás gardaient la jeune fille qui s'était montrée à son épouse endormie.

Enfin, dans la hutte d'un indigène, il trouva un petit coffre que la mer avait jeté sur la plage à partir de l'épave du navire chaviré. En l'ouvrant, il trouva une image de la Vierge Marie, avec l'Enfant Jésus dans ses bras.

En voyant l'image, Paraguaçu exulta de joie, reconnaissant en elle les traits fidèles de la femme apparue dans ses rêves. Diogo fit rapidement construire un ermitage en terre battue, près de sa demeure, où il plaça la sainte figure.

Et parce qu'il avait ignoré son invocation, il lui a donné celle de Nossa Senhora da Graça, pour la remercier de ce qu'elle avait fait pour les naufragés, favorisant leur sauvetage, et en révélant à Catarina où elle se trouvait.

Plus tard, Caramuru a construit un autre petite église, mieux entretenue, de pierre et de chaux, sur le même emplacement qu'aujourd'hui, reconstruite en 1770.

Dès le début de la colonisation de la terre par les chrétiens, la Sainte Vierge a commencé à leur accorder de nombreuses grâces dans le passé et les a aidé de nombreuses fois.

Lorsqu'un navire faisait naufrage sur les rives voisines, selon la légende, les vêtements de la sainte image apparaissaient humides, témoignant ainsi de manière irréfutable de l'intervention de la Vierge pour sauver les victimes des vagues furieuses et des bancs de sable perfides.

Diogo Álvares Correia, Caramuru, fut le premier européen à vivre au Brésil, et ce fut grâce à lui que débuta le processus de métissage qui caractérise la colonisation portuguaise en Amérique. Il mourut à l'âge de 70 ans en 1557.

On sait que Catherine Paraguaçu et Caramuru eurent plusieurs enfants – Ana, Genebra, Apolônia, Graça, Gabriel, Gaspar e Jorge Álvares, qui se marièrent avec des colons portugais venus avec Martim Afonso de Sousa, dont descendent les plus grandes familles de l'aristocracie bahianaise parmi lesquelles les Garcia d'Ávila de la Casa da Torre.

Caramuru

Quand le premier gouverneur Tomé de Sousa arriva à Bahia en 1549, Caramuru vivait encore.
Tomé de Sousa arma chevaliers trois de ses fils (Gaspar, Gabriel et Jorge) et un de ses gendres (João de Figueiredo) pour services rendus à la couronne portugaise.

L'église Nossa Senhora da Graça

La chapelle que Diogo Álvares avait érigée, ainsi que le terrain environnant, ont été donnés par Catarina Paraguaçu, dans l'avant-dernière décennie des années 1500, aux prêtres de São Bento, après avoir obtenus du Souverain Pontife - comme l'affirme le frère Vicente do Salvador et le Père Simão de Vasconcelos - de nombreuses reliques et indulgences pour les pèlerins.

Située à proximité de l'endroit où vivait le couple Paraguaçu, l'église a été fondée vers 1535 et est également le sanctuaire marial (dédié à la Vierge Marie) le plus ancien du Brésil. Selon l'Histoire et la légende, s'y trouve la chronique de l'abbaye de Nossa Senhora da Graça.

eglise de graça

eglise de graça

Les restes mortuaires de Catarina Paraguaçu

Catarina Paraguaçu mourut très âgée (94 ans dit-on) le 26 janvier 1583, en laissant un testament dans lequel elle léguait sa propriété et tous ses biens aux moines bénédictins. Le testament existe toujours au monastère de São Bento da Bahia.
Ses restes mortuaires furent inhumés dans l'église de Graça.

L'église contient les restes de Catarina Paraguaçu. C'est cette plaque que je voulais voir.

La plaque La plaque

L'image qui est encore vénérée aujourd'hui sur le maître-autel est la même que celle trouvée sur la tejupá (hutte des Indiens pour s'abriter pendant les voyages) par l'indien de Boipeba.

Elle date de plus de quatre siècles, mesure environ 45 cm
(six palmes) de hauteur.

La vision miraculeuse de Catarina est décrite sur toile, sur le plafond de la nef, et dans la sacristie où il y a trois peintures à l'huile anciennes.

L image de la vierge

Le film

Un film tourné par le réalisateur Guel Arraes, est sorti en 2001 : "Caramuru - A Invenção do Brasil", tiré d'une mini-série de la télévision Globo qui avait été produite en 2000.

affiche

Le film a été tourné au Portugal (Palácio de Queluz, Castelo de Leiria et Monastère de Batalha) et sur les plages du littoral de São Paulo (Praia de Picinguaba).

Les acteurs :

Selton Mello (Diogo Álvares, Caramuru)
Camila Pitanga (Paraguaçu)
Déborah Secco (Moema)

affiche

film paraguaçu film

Paraguaçu est considérée comme la mère biologique d'une grande partie de la nation brésilienne.

Une image de Catarina Paraguaçu se trouve au pied du monument du Caboclo, sur la place Campo Grande (Praça Dois de Julho) au centre de Salvador.

Autres curiosités du quartier

"Fonte Nossa Senhora da Graça"

Graça abrite la plus ancienne fontaine de la ville, c'est dans cette fontaine que Catharina Paraguassu se serait baignée en 1500... Elle se trouve au bout d'une rue qui porte le nom de Almirante Cleto Japi Assu, en descendant la Vale do Canela.

Elle semble être pleine de détritus et entourée de grilles, au milieu d'une petite place fréquentée par des voitures d'auto-école. Abandonnée...

"Palacete das Artes"

Le Palacete das Artes (Rua da Graça, 284) était autrefois le Palacete Catharino, la maison du très riche commandant Bernardo Martins Catharino. Il existe des documents indiquant qu'il y avait une salle de bain par étage dans le palais, signe d'une grande richesse. Mais le vrai luxe était l'ascenseur à l'intérieur de la maison, l'un des premiers au Brésil, conservé jusqu'à aujourd'hui.

En plus d'être la résidence de cette importante famille (qui donne son nom à environ trois autres édifices voisins) il servait également de lieu de célébration de l'art au début des années 1900.

Dans la salle de musique, on peut voir la scène et des instruments de musique, et les gravures restaurées sur les murs.

En plus de l'hôtel particulier, il y a une annexe à l'architecture moderne, conçue pour abriter des expositions temporaires.
Quatre pièces du sculpteur Auguste Rodin, achetées au musée Rodin de Paris, ont également été intégrées dans les
jardins du Palacete.

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